Le registre lyrique
C’est un registre littéraire, apparu essentiellement au moyen âge et au 19e siècle, et qui, étymologiquement, a un rapport avec l’instrument de musique “lyre”. Autrefois, il désignait un poème destiné à être chanté, cependant, à partir du 19e siècle, il représente un récit écrit en vers ou en prose dont la prédominance lexicale est affective et où l’auteur exprime ou évoque la fuite du temps, ses sentiments d’amour, de mélancolie, de souffrance, de mort …
Le personnage veut faire connaître son état d’âme et partager avec le lecteur ses émotions personnelles à travers des situations et des moments de son existence et sa relation avec son entourage (nature, personnes…). C’est pourquoi le prénom personnel “je” est très fréquent dans ce genre de registre.
-Les thèmes dominants de ce registre :
le bonheur, l’amour, la mort, la nostalgie…
-Les groupes de mots ou expressions utilisées :
je meurs/je me brule/je souffre /mélancolie …
Exemple :
” Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
” Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Ô lac ! Rochers muets ! Grottes ! Forêt obscure !
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Lamartine, Le lac
Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
Racine, Phèdre
Mon cœur a tant de peine !
Paul Verlaine, Il pleure dans mon cœur
L’enfant chantait; la mère au lit, exténuée,
Agonissait, beau front dans l’ombre se penchant;
La mort au-dessus d’elle errait dans la nuée;
Et j’écoutais ce râle, et j’entendais ce chant
Victor Hugo Les contemplations.